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Papotage briard : City blog de Coulommiers
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11 août 2008

La bande du fond de la classe : LE PHARAON D'EGYPTE "La journée du pharaon d'Egypte "

   

La première phrase prononcée par la maîtresse ce vendredi, dès que nous fumes tous assis, les bras croisés, en silence, chacun à notre place, derrière notre pupitre !

  • Ce matin ! Leçon de dessin. Travaille en commun par groupe de cinq élèves. Prenez vos cahiers !

Alors là ce fut terrible. De mon front des sueurs froides dégoulinèrent. Je posais mon coude sur la table, j'ouvris mon cahier et j'vous raconte pas la suite". Un rond pour la tête, un autre pour le corps et quatre bâtons pour les membres. Mon copain Mouche chantonna de son petit rire moqueur.

  • zéro plus zéro égale la tête à Toto.

Mouche, il était formidable, à main levée, il te faisait un rond aussi bien que le premier de la classe avec son compas. Dans les poches de son éternel costume gris "à se demander s'il n'avait pas que celui-là" il y avait de tout : ficelle, aimant pour faire tourner les aiguilles des montres, pince, couteau comme les Suisses, avec tout ce qu’il fallait pour te sauver si tu te perdais en montagne. Si un copain avait besoin, il demandait et Mouche, lui, il trouvait c'était certain. Pourtant Mouche avait un problème, ce que nous ici, on appelait la bougeotte. Pendant la classe Mouche ne pouvait s'empêcher d'aller de table en table. La maîtresse ne supportant plus de le voir déambuler, se leva à son tour et énergiquement  le reconduisit à sa place tout en lui disant.

  • Mais tu es pire qu'une mouche !

Ce qui fit rire toute la classe, certains même en avaient profité pour faire le bzz de la mouche. Depuis ce jour il avait conservé ce surnom. Mouche lui s'en moquait, il prétendait

  • Sans surnom ! On n'existe pas.

A la rentrée de septembre, personne ne le connaissait. Le premier de la classe, le fils de l'épicier nous conseillait de ne pas le fréquenter. Sa mère lui avait dit qu'il était placé dans une famille d'accueil. Nous "on s'est pas occupé du premier". Mouche fut notre pote dès la première récréation.   

Le sujet du jour  " LA VIE EN ÉGYPTE ANCIENNE"

 

Je dessinais le Pharaon allongé sur son divan et trois serviteurs lui apportant son repas. Fier de moi, je présentais mon œuvre à Mouche.

  • Il y a problème, me dit-il : Les pharaons ne portent pas de chapeau de cow-boy !
  • J'sais bien « qu'ils portent pas » ces chapeaux là, mais j'sais pas en dessiner d'autres ! et puis c'est facile de dessiner des chapeaux de cow-boy. Que j’lui dis!! Sur ta feuille, tu fais un huit en longueur avec un U retourné sur le dessus. Les chapeaux d'Egyptiens, j'sais pas les faire. Que j’lui répond !

Mouche jeta un oeil critique sur nos dessins et au vu du résultat, il nous  proposa

  • Je dessine les personnages et vous vous occuperez de les colorier.

Moi ça m'allait. Le saint "parce qu'il s'appelait Christophe" accepterait même d’échanger un livre non scolaire genre  illustré où sur les pages « ya de vrais cow-boy » pour qu'un autre fasse les couleurs à sa place. Bouboule tant qu'il pouvait vérifier le goût de ses caramels, aucun problème. L'élève imposé par la maîtresse ne contesta pas, il suivi le mouvement. Mouche dessina le pharaon d’Égypte avec une vraie coiffe d’égyptien et les serviteurs lui apportant son repas, puis termina par les tentures décorant le palais où se trouvait le pharaon. Puis Mouche nous remis à chacun notre planche. Ce travail en commun renforça notre amitié et "l'imposé de la maîtresse s'intégra à la bande du fond de la classe. Celle que l'on entendait aux récréations et restait silencieuse pendant les cours, afin de ne pas perturber la réflexion des premiers recevant les félicitations des  « instites ».

Dans les jours qui suivirent, je ne sais si c’était à cause du pharaon d'Egypte régnant sur la classe ou les vacances prochaines, mais ce qui était certain c’est qu’une ambiance détendue s'installa dans l’école. Si bien qu’après une réunion entre eux, les instituteurs décidèrent d'organiser une kermesse et une exposition sur la vie en Egypte ancienne. Pendant tout un week-end la cour de récréation se transforma en kermesse de fête patronale. C'était la fête de l'école ! Sourires, joie, plaisir illuminèrent les visages. Avec ma famille je croisais Mouche dans son éternel costume gris. Personne ne l'accompagnait. Il était triste malgré le succès remporté par le Pharaon d'Egypte. Ma main sur son épaule, je l'entraînais faire le tour des stands. Tout en discutant des choses de la vie, nous croisons Bouboule occupé à comparer une sucette à une guimauve. Nous voyant arrivé il acheta les deux bonbons et nous rejoignit. Aux fléchettes le saint "parce qu'il s'appelait Christophe" nous proposa une compétition. La bande du fond de la classe s'éclata, heureuse d'être ensemble, de courir parmi les stands et les élèves, puis, soudain, telle une escadrille de moustiques, Mouche en tête, nous nous précipitâmes dans notre classe ouverte à la visite. L'envie venait de nous prendre de rendre visite au Pharaon. Mouche avait su faire vivre nos dessins. Le pharaon d’Egypte, Tel une bande dessinée, recommençait et finissait sa journée indéfiniment sous le regard des visiteurs. Ce fut à cet instant que Mouche me dit, d’une petite voix que je ne lui connaissais pas :

  • J'en suis certain, ma mère aurait aimé voir mon travail.

Depuis les félicitations de la maîtresse et surtout le fait de l’exposition dans la classe du pharaon d’Egypte, tous les élèves l'appréciaient et lui-même en venait à modifier de jour en jour son comportement en attendant la fin des cours pour se lever. Si bien que ses notes s'en ressentaient. Par contre ce qui m'inquiétait, même si cela me semblait impossible, était qu'il devienne meilleur que le premier, laissant le fond de la classe à leur rêve d'évasion (…)

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Commentaires
L
cette petite aventure peut je le pense être lu et appréciée par les enfants à partir de 8 ans, 10 ans "cela correspond à la revue j'aime lire" et plus bien entendu. Alors ne vous privez pas de la commenter et de la faire lire à vos rejetons s'ils le désirent.
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